Compte-rendu de la Journée Thématique “Environnement” du 19 novembre 2021

par César Le Nai, Gabriel Scelles et Adam Veiller

Dans le cadre de la journée thématique « Environnement» qui s’est déroulée entre 9 heure et 14 heures dans l’amphithéâtre C002 du site de la Citadelle de l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens, les étudiants de première année du Master Histoire, Civilisations et Patrimoine, des étudiants d’autres formations de la région et des enseignants de l’UPJV ont eu le plaisir d’écouter les interventions des archéologues Nicolas LAMARE, Julie COLAYE et Benoît ROUZEAU.

Nicolas Lamare : “La forme de l’eau : gestion et mise en scène d’une ressource naturelle au Maghreb antique (Ier – VIIème siècle)”

Nicolas Lamare est docteur en archéologie, enseignant-chercheur et maître de conférences en archéologie à l’université de Picardie Jules Verne après avoir mené ses recherches en Allemagne ces dernières années. Il a reçu pour la publication sa thèse la médaille Toutain-Blanchet 2020 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il participe entre 2007 et 2019 à de nombreux projets de recherche mais aussi à des missions de terrain en Tunisie, au Maroc, en Turquie et en Sicile.

Nicolas Lamare appuie son intervention sur des thématiques propres à sa thèse, consacrée aux fontaines monumentales romaines d’Afrique du Nord. Ces dernières ont été l’inspiration des fontaines monumentales baroques plus connues (et mieux conservées) telles que la fontaine de Trevi, l’Acqua Paola de Rome ou la fontaine Saint-Michel de Paris. Toutefois, leur fonctionnement et leur utilisation n’étaient pas identiques.

Le Maghreb antique

Le Maghreb antique – expression débattue par les historiens – désigne la zone où se situaient plusieurs provinces de l’Empire romain et qui aujourd’hui correspond au Maroc, à l’Algérie, à la Tunisie et à la Libye occidentale, dans leurs franges méditerranéennes puisque l’occupation romaine s’arrête donc au désert. Cette région est aussi appelée “Afrique romaine” ou encore “Afrique du Nord romaine”, des termes simplificateurs qui forment une zone commune, unie, d’un ensemble de provinces distinctes.

Ces appellations sont issues du contexte colonial du développement de l’archéologie dans cette région au XIXe siècle.

Si dans d’autres régions comme le territoire actuel de la France, les VIe et VIIe siècles sont étudiés par les médiévistes, la conservation des vestiges antiques et la continuation de la culture classique rendent le questionnement historique au Maghreb antique proche de celui de l’étude du Haut-Empire romain.

Cette présentation concerne l’époque impériale et l’Antiquité tardive, car les villes se développent et s’implantent entre le Ier et le IIe siècle. C’est en effet au IIe siècle que se construisent les aqueducs et autres monuments hydrauliques comme les thermes et fontaines. L’étude s’étend jusqu’à l’Antiquité tardive, correspondant à la conquête d’une partie du Maghreb antique par les Vandales, arrivant du nord de l’Europe et traversant la Gaule, l’Espagne et Gibraltar pour fonder un royaume. Ce dernier perdure pendant un siècle avant que la région ne soit reconquise par les Byzantins qui y restent jusqu’au milieu du VIIe siècle.

La conquête arabe marque une rupture dans l’histoire de la région, avec la bataille de Sbeitla en 647 qui augure le début d’un changement culturel, religieux, administratif et d’occupation des villes.

Une archéologie encouragée par la colonisation

La période contemporaine est riche en documentation : des photographies anciennes de vestiges qui représentent des modèles parfois abîmés ou disparus, des notes écrites de chercheurs ou des manuscrits d’ouvrages. Ces documents se trouvent dans des fonds de familles de chercheurs, déposés dans des bibliothèques comme le fonds Poinssot, les Archives Nationales d’Outre-Mer qui rassemblent une partie des archives de l’Algérie coloniale, ou des centres de recherche comme le centre Camille Jullian du CNRS qui disposent d’archives de chercheurs retraités.

La période de la colonisation correspond à l’institutionnalisation de la recherche archéologique en Afrique

Au début du XIXe siècle, le Ministère de l’Instruction Publique multiplie des missions de reconnaissance. Puis lorsque les Français arrivent en Algérie en 1830 des brigades topographiques cartographient la région. Les ruines romaines les interpellent et sont des repères dans le paysage. Des atlas archéologiques sont constitués pour la Tunisie et l’Algérie. On observe aussi la création de commissions d’exploration scientifique produisant des gravures permettant de comparer l’état de préservation des vestiges aujourd’hui avec celui du XIXe siècle.

Des services des monuments historiques et des directions des antiquités sont mis en place, de même que “l’enquête administrative“, qui concerne les travaux hydrauliques anciens. Dans ces régions les archéologues mettent en évidence une prospérité économique durant l’Antiquité du fait d’aménagements ruraux et des parures monumentales des villes. Ils se mettent à rechercher les installations hydrauliques pour démontrer la prospérité romaine, à l’échelon rural puis urbain. Ces installations nous livrent des informations sur l’irrigation des terres rurales et l’alimentation des villes antiques.

La gestion de l’eau est apparue très vite comme un des fondements de l’installation rurale.

Ces enquêtes sont des outils de colonisation, en effet, un des buts exprimé par le responsable de la publication pour la Tunisie, Paul Gauckler, est de mettre en évidence des éléments pour remettre en état les ouvrages hydrauliques romains :

“Notre tâche, à la fois scientifique et pratique, intéresse, en même temps que l’archéologie, le développement de la colonisation française en Tunisie” -Paul Gauckler

Un débat émerge aussi sur la maîtrise technique romaine de l’irrigation en omettant aussi bien les vestiges pré-existants que les vestiges islamiques postérieurs. La documentation doit donc constamment être réinterprétée du fait d’erreurs d’identification datant de ces premières découvertes archéologiques.

Fontaines et représentation de l’eau au Maghreb antique

Les historiens ont longtemps pensé que ces fontaines étaient le lieu d’arrivée de l’aqueduc dans la ville comme une entrée en monumentalisation, cette installation déversant ses eaux dans la fontaine, cependant hormis à Lambese et Dougga, ce n’est pas le cas. Ces fontaines sont aménagées le plus souvent dans la ville à proximité d’un tuyau d’eau nécessaire pour les alimenter, comme à Lepcis Magna en Libye où plusieurs fontaines sont aménagées au fil du temps avec un décor monumental de sculptures, le long des adductions. Beaucoup de fontaines ont été mises en place lorsque l’aqueduc est arrivé dans la ville. Il y avait une alimentation en eau courante et de petites fontaines ont été construites parce qu’elles permettaient aussi aux habitants d’avoir un accès direct à l’eau dans la ville.

Ces fontaines monumentales sont financées par des évergètes.

Les décors et emplacements des fontaines sont justifiés par leur mode de financement : un des principes de financement des monuments publics dans l’Antiquité est l’évergétisme. Un financement par les notables de la cité, qui paient avec leur argent la plupart des monuments publics, soit parce qu’ils sont obligés en obtenant une magistrature importante, soit parce qu’ils veulent s’attirer la bienveillance de futurs électeurs. Le rôle de ce financement privé explique l’architecture de ces monuments et leur décor. Par exemple à Timgad une inscription sur la fontaine est caractéristique, l’évergète y explique qu’il a payé, indiquant la somme exacte.

On manque d’informations sur le décor statutaire des fontaines car les vestiges ont été très mal préservés en Afrique. Il faut donc aller jusqu’en Asie mineure pour se faire une idée du décor de ces fontaines : à Éphèse, sur un décor à tabernacles, on trouve une statue de l’empereur au centre de la fontaine sur la bouche d’eau. Le décor devait être similaire sur bien des fontaines africaines.

cette mise en scène reflète bien le rôle central de l’empereur dans tout ce qui est lié à l’eau. En effet, du point de vue législatif, il avait des prérogatives dans ce domaine, et on le considère également symboliquement comme le pourvoyeur d’eau. Il est considéré comme responsable de cette profusion d’eau et une inscription à Sabratha, en Libye, indique qu’il assure “l’éternité de l’eau.”

Il y a une mise en scène de la profusion de l’eau et des personnages qui y ont contribué.

La fontaine est le lieu de la mise en scène de l’eau et est très liée à l’évergétisme, parce que la partie technique de cette alimentation en eau, soit l’aqueduc qui est dans la campagne jusqu’aux portes de la ville, soit la réfection d’un ou plusieurs tuyaux en plomb sous les rues dans la ville ne marque pas les esprits.

La fontaine, c’est le lieu idéal où un évergète peut présenter les travaux et l’argent qu’il a investi dans la parure monumentale plutôt que se concentrer sur la réfection d’ouvrages invisibles peu valorisés politiquement.

Ces fontaines ont donc un rôle important dans la mise en scène de l’eau, elles ont un rôle décoratif mais aussi pratique, ce que les traces d’usure sur les parapets démontrent. Ces fontaines, malgré leur beauté architecturale grâce à leurs statues n’en conservent pas moins un rôle pratique : les habitants venaient y chercher leur eau lorsqu’ils n’en ont pas chez eux, privilège d’une partie de l’élite des cités. Mais ces traces sont difficiles à dater, elles ont pu être faites sur une longue période, voire à la fin de l’Antiquité, il y a donc une incertitude de datation et d’usages de ces monuments.

A la fin de l’Antiquité, en Afrique, un certain nombre de fontaines sont encore construites. Par exemple à Sbeitla au milieu du IVe siècle, où à Tipasa à la même époque. On restaure aussi beaucoup d’édifices. On construit ces fontaines tardives à côté d’un réseau hydraulique ancien parce que les aqueducs sont encore fonctionnels. Cette donnée permet de réfléchir sur la continuité des réseaux hydrauliques, même s’il faut se demander si ces réseau sont identiques à leur état d’origine qui date d’au moins deux siècles auparavant. Il y a un certain nombre de transformations dans ces grandes fontaines, qui avaient de grands bassins, dans lesquels toute cette eau était déversée. Un certain nombre de ces bassins sont transformés en réservoirs, parfois de plusieurs dizaines de mètres de long, à cause, potentiellement, d’une diminution du débit et de l’eau, durant l’Antiquité.

De nouvelles connaissances et de nouvelles méthodes

Un certain nombre d’analyses archéométriques ont permis d’identifier l’optimum climatique romain, qui est un régime climatique plutôt chaud, humide mais pas trop et stable qui aurait eu lieu aux environs de 200 av. J.-C. et jusqu’à 150 après J.-C. Ce premier point contredit ce que pensaient les pionniers de l’archéologie au XIXe siècle. Ils considéraient que le climat était identique et que les Romains, grâce à leurs techniques, avaient rendu cette région fertile.

Les nouvelles données nous indiquent que le climat lui-même était propice à l’agriculture et même à l’expansion de l’Empire romain.

On observe aussi une augmentation de l’aridité du climat au cours du IVe siècle, en particulier en Afrique, dont on voit le pic autour de l’année 300. Ce phénomène peut expliquer une augmentation des températures et une diminution du débit de l’eau de certaines sources et des aqueducs. C’est à mettre en relation avec les grands aménagements en réservoirs, des éléments archéologiques identifiés mais inexplicables trouvent un sens avec des analyses plus poussées qui permettent de porter un regard sur l’évolution climatique.

Inversement autour du VIe – VIIe siècle on identifie une période de refroidissement que les Anglo-saxons appelle le “Late Antique Little Ice Age” qui correspond aussi à la fin de l’Empire romain.

Enfin une étude qui se développe actuellement et qui va donner différentes informations est l’étude des concrétions calcaires (des dépôts successifs de résidus calcaires) qui se trouvent dans les aqueducs. Comme on l’observe avec l’exemple fameux de Cologne ou avec l’aqueduc de Béziers. L’analyse des isotopes stables permet d’avoir des informations sur l’évolution des températures, des précipitations et de dater cette longue utilisation. Cela permet de poursuivre les réflexions sur l’évolution du climat dans l’Antiquité et d’apporter des données manquantes pour répondre à la question suivante : quand ces aqueducs ont arrêté de fonctionner, problématique très liée à la fin de la ville antique et au passage à la ville médiévale.

Les questions après l’intervention

Marjolaine Boutet, maîtresse de conférence en Histoire contemporaine à l’UPJV : Les archéologues du XIXe siècle considèrent-ils que la période de domination musulmane est une période de recul pour la région en terme de développement ?

Nicolas Lamare : Oui, l’idée est que les Romains avaient rendu ces régions fertiles et prospères. Le rôle des Français est de recoloniser ces régions, et l’armée française est comparée à l’armée romaine. Les Arabes sont méprisés. Cependant il y a aussi des vestiges d’époque islamique qui suscitent un début d’intérêt, dans le cadre de la mode orientaliste.

Antonin Richard, étudiant en Master 1 HCP parcours Pouvoir et Sociétés : Y a-t-il eu l’idée dans le monde romain d’une raréfaction de l’eau ? De l’eau comme ressource rare ?

Nicolas Lamare : Il y a l’idée de l’éternité de l’eau avec l’empereur mais il y a eu des réflexions différentes. Certains archéologues ont interprété les aqueducs des infrastructures symboliques du gaspillage de l’eau et des outils de domination de la ville sur la campagne. Aujourd’hui, on a tendance à interpréter différemment. C’est peut-être moins la volonté d’apporter des quantités incroyables d’eau que de se prémunir de manques. Peut-être que ces analyses archéométriques permettront de répondre plus clairement dans le futur.

Gabriel Scelles, étudiant en Master 1 HCP parcours Pouvoir et Sociétés : Est-ce qu’avec l’émergence du christianisme le rapport avec l’eau et les fontaines a changé au niveau de la représentation ?

Nicolas Lamare : Oui, il y a la présentation de statues de divinités et d’empereurs, qui sont des monuments civiques et pas de culte. Sur l’évolution et la christianisation cela dépend des régions, en Asie mineure on retire les parties intimes des statues, mais elles sont toujours présentes dans l’espace public, font partie du décor. Mais ce rapport aux statues est différent selon les régions.

Benoit Rouzeau, maître de conférence en Histoire et archéologie médiévale à l’UPJV : Pourquoi utiliser la terminologie de tuyau et non de conduit ? Aussi certaines régions sont sensibles à la sismicité, cela affecte-il ces édifices ?

Nicolas Lamare : Il y a une présence de tuyaux en plomb, qui peuvent acheminer l’eau sous pressions, là où les conduits de terre permettent l’évacuation de l’eau sans pression. L’archéologie identifie ces tremblements de terre, et si en Orient il y en a beaucoup, en Afrique il y en a peu, en dehors de celui du 21 juillet 365, dont l’épicentre se situait en Crête, et dont on se rend compte aujourd’hui que ses conséquences sur les côtés africaines ont été moins importantes qu’on ne l’a pensé jusqu’à présent.

Vincent Bruni, professeur de Lettres Classiques au collège Millevoye d’Abbeville : N’est-il pas difficile d’entrer dans certains des pays concernés par votre étude ?

Nicolas Lamare : On peut accéder facilement au Maroc et à la Tunisie, pour l’Algérie c’est complexe même si la situation tend à s’ouvrir ; la Libye est hors d’atteinte. Sur le plan scientifique, cela implique de faire une croix sur certains sites et donc certaines provinces.

Benoit Rouzeau : « Les cisterciens et leurs environnements : approches multiscalaires et multidisciplinaires d’un ordre monastique qui fonctionne en réseau »

Monsieur Benoit Rouzeau est professeur certifié d’histoire-géographie et maître de conférences en histoire et archéologie médiévale, après avoir enseigné l’Écriture numérique de l’histoire en première année de licence Histoire et Informatique de l’université Paris 1 Sorbonne entre 2012 et 2018, il a rejoint l’équipe enseignante de l’Université de Picardie Jules Verne et à intégrer le laboratoire Textes, Représentations, Archéologie, autorité et Mémoire de l’antiquité à la renaissance (dont le diminutif est TRAME) au cours de la rentrée de septembre 2021.

Pour présenter son intervention, Monsieur Rouzeau a décidé de se focaliser sur l’abbaye de Morimond, fondée en 1171 dans le diocèse de Langres, dans le département de la Haute-Marne, dans la région actuelle du Grand-Est. Monsieur Rouzeau a dirigé de nombreuses fouilles archéologiques sur le site de cette ancienne abbaye, qui disparut au fil du temps, après que les moines cisterciens qui y résidaient furent forcés de quitter les lieux en 1791.

Domestiquer l’environnement pour bâtir le monastère et ses bâtiments

Le site actuel de l’abbaye se trouve au sein du territoire de la commune de Parnoy-en-Bassigny. Lors de sa fondation, l’abbaye va prendre le contrôle du cours d’eau local afin de pouvoir étendre son influence et aménager de nouveaux bâtiments. L’abbé Arnold, qui fut le premier à diriger l’abbaye de Morimond entre 1115 et 1126, quitta l’abbaye pour rejoindre sa Germanie natale, dans l’espoir de se rendre à Jérusalem, mais il meurt avant de pouvoir réaliser son ambition. Bernard de Clairvaux (1090 – 1153) dépêche alors un abbé pour reprendre la direction de l’abbaye.

Les fouilles menées sur le terrain ont permis de mettre en évidence des traces d’ouvrages hydrauliques, qui avaient été notamment mentionnés au sein d’écrits du XII^ème siècle. Des fouilles subaquatiques n’ont cependant pas permis d’obtenir de nouvelles informations sur la présence de bois dans les systèmes hydrauliques au-delà de ce qui avait déjà été mentionné au sein des sources écrites. Ces fouilles ont également permis de mettre au jour un collecteur d’eau voûté auquel sont rattachés des égouts voûtés ainsi que la présence d’une multitude de drains au sein de chaque bâtiment qui avait été fouillé. Un lavabo claustral a été mis en évidence par des prospections géophysiques, servant pour les ablutions des moines, concentrées dans la partie sud du vallon de Morimond. Les cisterciens étaient attachés à la cérémonie du Mandatum, le lavement des pieds, qui était pratiquée régulièrement et nécessitait donc un apport continu en eau.

Construire des bâtiments avec la ressource lithique

Le parement de l’abbatiale commence à être fouillé par Henri-Paul Eydoux (1907 – 1986) entre 1953 et 1954, avant qu’il soit appelé en Algérie. Pendant son travail auprès du Préfet, il reçut des rapports sur papier Craft, aujourd’hui conservés aux Archives départementales de la Haute-Marne, sous la cote 1 J 937. Les fouilles successives de ces parements ont permis de déterminer que les moines utilisaient massivement le grès, présent en grande quantité sur le site, pour construire les différents bâtiments, l’inauguration officielle de l’abbatiale ayant eu lieu en 1254. Le relevé de marques lapidaires différentes sur neuf éléments lithiques en grès a permis d’émettre l’hypothèse de la présence d’artisans spécialisés sur les chantiers de l’abbaye. Les fouilles ont permis de relever un usage parallèle du calcaire dans la construction de certains bâtiments, notamment la Chapelle des étrangers.

Une prospection géophysique par méthode électrique (qui permet de matérialiser une image du terrain par la séparation des éléments conducteurs, en bleu, des éléments résistants, en blanc et en orange) a permis de relever la présence d’égouts et de bâtiments datant du XII^ème au XVIII^ème siècle.

Les fouilles ont permis de mettre en évidence l’usage de l’argile dans la décoration des sols, des dalles de sols ou encore des dalles de cheminées. Le remploi de tuiles a également été mis en évidence dans la préparation des sols en terre.

Le relevé d’éléments-traces permet d’analyser la composition du sol de l’abbaye (par exemple, la présence massive de traces de fer à un endroit pourrait suggérer la présence d’une forge). Le relevé d’un établissement gallo-romain aux environs de Morimond a permis de parvenir à l’hypothèse d’une réutilisation du four à chaux romain pour exploiter le calcaire local au Moyen Age.

Le bois dans tout ses états

Le relevé de fragments de bois utilisés dans la première hôtellerie de l’abbaye entre 1150 et 1160 a permis de d’estimer la composition des forêts entourant Morimond lors des travaux d’érection de ce bâtiment. La comparaison entre les résultats des fouilles avec les informations fournies dans les archives a permis de déterminer que cette hôtellerie fut utilisée comme telle jusqu’au XVI^ème siècle, à savoir l’accueil et l’hébergement d’hôtes occasionnels, de pèlerins ou d’étrangers.

Il est possible de suivre les circulations des différents abbés ayant dirigé Morimond au cours du temps par le biais des traces de scellement pratiqués pour récolter des fonds en vue de travaux de rénovations des bâtiments.

Troupeaux et faune

Les cisterciens disposaient également de troupeaux importants, comme en témoigne la découverte de faune lors des fouilles, ainsi qu’un texte de 1496 témoignant de l’arrivée d’un porcher avec 400 porcs, qui venait déposer ses bêtes pour les entreposer en vue de les vendre. La découverte d’un stylet en os rudimentaires va également dans ce sens, permettant de déterminer un usage local des restes d’animaux pour fournir des outils aux nouveaux moines, notamment des stylets qui servaient à rédiger sur des tablettes de cire.

Au-delà du monastère : les granges et le temporel et les autres monastères

En aval de l’abbaye, sur les rives du ruisseau du Flambard, a également été relevé la présence de nombreux moulins, ainsi que des granges chargées d’offrir un meilleur rendement des terres exploitées.

Les granges étaient constituées à partir de donations, notamment de donations pieuses de seigneur cherchant à se laver de leurs péchés avant d’accomplir une tâche importante comme un pèlerinage ou un départ en croisade. Ces granges étaient gérées par des moines convers, religieux employés aux travaux agricoles et à l’artisanat, ne chantant pas dans le chœur et exclu des ordres sacrés.

En conclusion, ces différents aménagements peuvent être vu comme une volonté des moines de marquer leur environnement, leur territoire, notamment après la Guerre de Cent Ans (1337 – 1453), où des porches monumentaux sont construits massivement.

Les questions après l’intervention

Gabriel Scelles, étudiant en Master 1 HCP parcours Phénomène Guerrier : La présence attestée d’échanges de savoirs par le biais des voyages de ces abbés en Europe permet-elle de savoir s’il-y-a eu un apport dans l’autre sens ? Ces abbés reviennent-ils avec des connaissances et des savoirs architecturaux ?

Benoit Rouzeau : Effectivement, les abbés de la filiation se déplacent aussi vers Morimond. Des chroniques font état de circulation techniques et de savoirs.

Antonin Richard, étudiant en Master 1 HCP parcours Pouvoir et Sociétés : La modification de l’environnement causée par les moines a-t-elle impactée négativement les paysans ?

Benoit Rouzeau : Si des communautés villageoises ont pu être expulsées par les cisterciens, ce n’est pas attesté mais il faut savoir que ces moines changent le paysage en mettant en place un modèle stable.

Julie Colaye, docteur en histoire médiévale associé au laboratoire TRAME : Est-il possible d’estimer le nombre de moines ayant été présent sur l’abbaye ?

Benoit Rouzeau : A Morimond, Il n’existe pas de documents précis au XIIème et XIIIème siècle mais on a une estimation de plus en plus fine au XIVe siècle. On atteste de la présence de quelques moines de chœur. Mais malheureusement on a surtout des chiffres de visites car l’abbaye dispose d’une hôtellerie assez important capable de nourrir 120 personnes pendant trois jours ou une semaine.

Julie Colaye : “La gestion de l’eau par les moines de l’abbaye de Grandmont au Moyen Âge et à l’époque moderne : apports des prospections et des fouilles archéologiques depuis 2013”

Julie Colaye est une professeure agrégée, docteure en histoire médiévale et une attachée temporaire d’enseignement et de recherche (ATER). Enseignante au sein de l’UPJV, Julie Colaye est également l’autrice d’une thèse soutenue le 7 janvier 2021, intitulée : « Les prieurés de Saint-Victor de Paris (XIIIe – première moitié du XVIe siècle) : fonctionnement en réseau et implantation territoriale » sous la direction de Philippe Racinet et de Pascal Montaubin, tous les deux professeurs au sein de l’UPJV.

Membre de l’unité de recherche TrAme (textes, représentations, archéologie, autorité et mémoire de l’Antiquité à la Renaissance), Julie Colaye est archéologue et spécialiste de l’Histoire des réseaux religieux au Moyen Âge.

Les archéologues disposent de données archéologiques sur l’abbaye depuis 2013. Grâce aux prospections et aux fouilles archéologiques réalisées pendant la campagne de 2021, l’équipe d’archéologues où figure Julie Colaye a pu bénéficier de nouvelles données qui permettent de mieux comprendre la gestion de l’eau par les moines.

Présentation du site

Histoire de l’abbaye

Tout commence en 1076, Etienne de Muret, aristocrate auvergnat, installe un ermitage à Muret, village au nord d’Ambazac, à quelques kilomètres de Limoges. Etienne meurt en 1124, sa mort est fondatrice. Ses disciples entrent en conflit avec une communauté bénédictine ce qui va provoquer le déplacement des disciples à Grandmont. Le nouveau site d’implantation est situé sur un promontoire.

Les frères réalisent alors des travaux de terrassements atteignant parfois 4 mètres de haut et en utilisant la pierre locale, du granit en très forte pente. Ils parviennent à agrandir le site d’Eperon qui était étroit. Les premiers principes de vies sont très stricts :  le refus de l’aumône, le refus de porter un habit spécifique, le refus de signes de la hiérarchie ecclésiastique, aucune différence entre les clercs et les laïcs et le refus de la mise par écrit des dons. L’ordre va avoir un certain succès ce qui explique la multiplication des « celles » du latin cella qui signifie cellule et qui correspond à un monastère de taille réduite.

À la fin du XII^ème siècle, Grandmont devient une abbaye de chef d’ordre. Entre le XII^ème et le XIII^ème siècle, l’abbaye se développe grâce aux rois d’Angleterre qui ont donné de l’argent et des donations en nature. Ces derniers ont séjourné régulièrement dans un palais proche. Grâce à cet intérêt accru, des officiers royaux et des nobles ont voulu être enterrés dans l’abbaye. Cependant l’abbaye connait un déchirement interne entre ceux qui veulent revenir aux idéaux primitifs et les autres qui veulent que l’abbaye s’ouvre davantage. Cette opposition se cristallise entre clercs et laïcs. En 1216, les clercs triomphent des laïcs.

En 1317, le pape transforme l’abbaye en abbaye bénédictine et les celles deviennent des prieurés. En 1453, à la suite de la Guerre de Cent Ans, le site connait une reconstruction. En 1567, le site subit des destructions liées aux Guerres de Religion. En 1730, un ingénieur du roi est commissionné pour faire un compte-rendu, l’état de Grandmont est considéré comme « catastrophique », les moines décident alors de tout raser. Ceux-ci ont refait des bâtiments deux à trois fois plus grands qui ne seront toujours pas achevés en 1768. En 1772 le pape décide de la suppression du monastère et accepte que le dernier abbé reste jusqu’à sa mort. L’évêque de Limoges revend tout ce qui peut l’être, toutes les reliques sont dispersées dans les paroisses.

Au XIX^ème siècle, Grandmont est devenue une carrière de pierres.

Les fouilles archéologiques

En 2013 un sondage est réalisé par Philippe Racinet. En 2015, Julie Colaye rejoint l’équipe, cette même année l’équipe fouille le chevet de l’église, la nef ainsi que ses nombreuses sépultures. Des nombreuses prospections sont réalisées et les textes fondateurs sont traduits. L’équipe réalise des études patrimoniales qui permettent la mise en valeur des vestiges.

Un modèle grandmontain d’aménagement hydraulique de l’espace

Les étangs

Jean Marc Popineau s’occupe du volet prospection des fouilles de Grandmont depuis 2013. Des prospections subaquatiques dans les étangs sont réalisées ainsi que dans les petits bourgs autour de l’abbaye puis des prospections pédestres sont effectuées à la limite de la franchise. L’équipe s’aide de 2 outils : un SIG (système d’information géographique) depuis 2016 qui synthétise et classe toutes les données et le lidar, un avion équipé d’un outil à impulsion laser qui fournit énormément d’informations.

Les moines ont aménagé des étangs à partir du ruisseau de Grandmont et de ses affluents. Les étangs, au nombre de dix, sont tous organisés sur le même modèle. Tout d’abord il y a la présence d’un talweg barré par une chaussée digue puis on retrouve deux bondes destinées à faire écouler l’eau de l’étang. Ces bondes sont munies de vannes qui permettent de les fermer avec un levier. Le fond de l’étang est aussi aménagé puisqu’il y a un bief qui sert à acheminer l’eau. Les bondes servent également à la pêche car à leur niveau se trouve des bassins qui sont en mesure de retenir le poisson. Les étangs sont de taille moyenne (10 hectares) et leur utilisation nous questionne puisqu’on ne sait pas s’ils étaient utilisés en même temps, en effet une telle utilisation nécessiterait un effort et une quantité d’eau considérables.

Les moulins

Sur le site de Grandmont, six moulins sont en élévation. Comme les étangs, ils sont difficiles à dater et il est également laborieux de déterminer combien de temps ces bâtiments ont servi de moulin, certains sont attestés depuis la fin du XV^ème siècle. Malheureusement il n’existe pas de données archéologiques. Le moulin Crochepot est attesté depuis la fin du XV^ème siècle. Ces bâtiments n’ont plus de caractères anciens aujourd’hui.

Les canaux

Ils servent à rediriger l’eau, ce sont des canaux gravitaires parfois appelés « levade ». Ils sont utilisés pour l’irrigation des près, pour l’alimentation, pour abreuver le bétail et servent de lavoir. Au total c’est 22 canaux principaux qui ont été identifiés, c’est plus de 10 kilomètres linéaires. Tous aménagés sur le même modèle puisqu’ils proviennent d’une chaussée digue. L’alimentation en eau des populations ne dépend pas uniquement des levades. La gestion de l’eau est très pointilleuse puisque c’est l’abbé qui donne les autorisations nécessaires aux paysans pour alimenter leurs champs.

L’adduction en eau potable de l’abbaye

Le système hydraulique sert aussi à amener l’eau à l’abbaye. Au niveau de la ganne du plombier il y a des puits qui amènent de l’eau jusqu’à l’abbaye. L’équipe a retrouvé des systèmes de canalisations en terre cuite et en bois au niveau de la ganne, contrairement à l’abbaye où celles-ci sont en plomb. Au prieuré de Pinel la canalisation est en terre cuite sur toute la longueur du parcours jusqu’à l’arrivée de l’enceinte où elle est en plomb.

Le réseau hydraulique de l’abbaye découvert dans le secteur oriental en 2021

Comment l’eau est-elle amenée et répartie ?

Deux canalisations d’alimentation ont été retrouvées, l’une d’elle sert à alimenter le bassin de la cour du cloître. Une 3^éme canalisation passe à l’extérieur du cloître. Il y a énormément de murs, de recoupements au même endroit ainsi que des éléments lacunaires.

Le site de fouilles est très grand, il y a 3 secteurs : le secteur occidental (partie sud-ouest du cloître), un autre concernant la nef de l’église et le secteur oriental, le secteur d’inhumation du site. Ce dernier est fouillé depuis 2017, l’équipe a progressé vers le Sud jusqu’à un mur où au-delà il n’y a plus de sépultures. Il en résulte qu’il y aurait un réseau hydraulique qui emprunte des caractèristiques du Moyen Âge et de l’époque moderne qui s’étend en 3 phases :

• Première phase : la mise en place d’une première canalisation de direction Est-Ouest, associée à un mur qui est le lambeau du mur du bâtiment Est de la cour du cloitre. Cette première canalisation est peut-être dès le départ associée à une deuxième canalisation. Ces canalisations sont construites sur le même principe : on creuse le sol naturel et on va caler les pierres contre les parois de la tranchée. La canalisation arrive sur un regard qui mesure 50 centimètres de diamètre qui sert à curer celui-ci est conçu pour bloquer les éléments les plus gros qui peuvent boucher la canalisation. Au débouché, il comporte une grille pour retenir les plus gros déchets avant que l’eau ne s’écoule de la terrasse, haute de 9 mètres.

• La phase 2 :  la mise en place d’une dérivation avec des pierres qui ne mènent pas à un regard.

•  La phase 3 : elle correspond à l’édification d’un regard d’époque moderne construit avec un mortier hydraulique et des pierres en réemploi. L’équipe s’est aperçue que le dallage d’époque moderne repose sur un dallage plus grand et peut être plus ancien. Il y a la présence d’une petite rigole et dans la même direction un élément de canalisation en plomb situé juste à côté du premier regard qui est certainement un élément abandonné.

Conclusion

L’hydraulique est un domaine de recherches très prometteur qui va permettre de comprendre l’organisation de Grandmont. Néanmoins les installations sont difficilement datables mais l’équipe mise sur un agrandissement vers le sud du secteur oriental en 2022 pour comprendre davantage le système hydraulique. 

Les questions après l’intervention

Cindy Martin (M2 HCP, parcours Pouvoir et sociétés) : Allez-vous à l’image de ce qui a déjà été fait pour l’abbaye de Déols, utiliser la réalité virtuelle afin de redécouvrir le patrimoine et peut-être contourner la présence de cette route ?

Julie Colaye : C’est quelque chose qu’on a déjà fait notamment pour une cave monumentale qu’on a fouillé il y a deux ans. C’est prévu puisqu’il y a toute une mise en valeur patrimoniale du site qui est pensée car cette partie-là, quand on ne sera plus là, sera remise en herbe. Une réalité virtuelle sera créée et un système de visite avec tablette permettra de visionner véritablement à quoi ressemblait l’abbaye, le décor, les volumes de l’église… et en plus avec les nouvelles données qui ont été apportées cette année, on sait à quoi ressemblait le monastère au XII^ème siècle. C’est quelque chose qu’on avait du mal à voir auparavant parce que la reconstruction du XV^ème avait été tellement importante qu’on ne pouvait voir à quoi ressemblait l’abbaye. C’est quelque chose de progressif, on a notamment cette année deux spécialistes qui sont venus pour commencer à faire les reconstitutions 3D.

Benoit Rouzeau : Existe-t-il des sources écrites même un peu tardives qui indiquent qu’on aurait pu utiliser différentiellement les étangs moins profonds, plus profonds, en fonction des températures d’eau pour la vineuse ou la pêche ?

Julie Colaye : Malheureusement non, les sources de l’époque moderne concernant les étangs sont assez peu nombreuses en fait on va avoir surtout des mentions très lacunaires de pêcheries. Concernant la profondeur, l’usage, le travail qui a été réalisé sur l’étang des sauvages a permis d’estimer l’évolution de l’étang au cours du temps et les utilisations différenciées qui ont eu lieu. Pour le reste non malheureusement on n’a pas assez de sources même à l’époque moderne pour pouvoir avoir des éléments aussi fins de compréhension.

Antoine Brunnel (M1 Histoire UPJV) : Concernant les destructions pendant la guerre de Cent Ans, vous avez dit qu’il y avait eu des destructions, est ce que le réseau hydraulique à lui aussi été détruit ?

Julie Colaye : Je ne vais pas pouvoir vous répondre précisément. Quand je parle de destruction, ça peut être destruction mais aussi détérioration parce que durant la guerre de Cent Ans c’est aussi un problème financier, certains bâtiments se dégradent et faute d’entretien ils se sont effondrés. On a sur le site des éléments qui montrent qu’on a des reconstructions, attestant plusieurs étapes de reconstruction dont une reconstruction importante à la fin du XV^ème siècle. Concernant les éléments très fins, ça je ne peux pas vous dire pour l’hydraulique, en revanche, une grosse partie du réseau hydraulique qu’on a retrouvé cette année est plutôt d’époque moderne. Alors est-ce que c’est en lien avec la guerre de Cent Ans ? ça je ne peux vous le dire. En ce qui concerne les canalisations en plomb, on en a surtout attestées en terre cuite. Là la canalisation en plomb est plutôt associée à des couches d’époque moderne, or à l’époque moderne dans la région on a des mines de plomb qui se développent. Le plomb est beaucoup moins cher qu’auparavant. Il y a des différences de contexte qui peuvent être utilisées mais on ne peut pas avoir d’éléments précis, on ne peut pas mettre en parallèle un évènement précis et une reconstruction, forcément s’il y a eu des dégâts dans les bâtiments, il y a eu aussi des entreprises de transformation ou de réaffectation de ce réseau hydraulique.

Antonin Richard (M1 Histoire UPJV) : Vous avez mentionné tous les moulins qui étaient juste après les étangs, y-a-t-il un système pensé permettant une meilleure productivité des moulins lors de l’évacuation de l’étang ?

Julie Colaye : L’utilisation de la force hydraulique permet d’assurer l’emploi des moulins. On peut avoir une pêcherie, le moulin et le mat d’un des canaux qui vont partir de cet étang pour pouvoir irriguer les champs, l’ensemble de ces structures autour des étangs fonctionnement en même temps.

 Louis Barbier (M1 Histoire UPJV) : Vous parliez du moment de reconstruction à la fin du Moyen Âge, y avait-il eu une volonté d’agrandissement de l’abbaye que l’on pourrait retrouver sur les relevés archéologiques ?

Julie Colaye : Cette reconstruction totalement différente et gigantesque de la fin du XVIII^ème, n’est pas la même qu’au XV^ème siècle où ils ont fait la même chose. En revanche toutes les élévations ont été reconstruites, il y a pu avoir des changements mineurs, vous avez des contreforts qui ont été ajoutés par exemple, mais on n’a pas de modifications importantes du plan de l’abbaye, pas avant le XVIII^ème où l’église va être recoupée entièrement pour faire le bâtiment de vie des moines, ces derniers vont entièrement construire une nouvelle église.

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