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Petite histoire, grande histoire: l’individu au coeur de la pratique historienne – Compte rendu du séminaire du 13 janvier 2023

Séminaire “Centres et marges de l’histoire”

Cette séance de séminaire constitue la quatrième et avant-dernière séance du séminaire “Centres et marges de l’histoire” pour l’année 2022-2023. Elle a pour objectif, à travers trois interventions, de montrer que l’individu n’est pas uniquement un objet d’étude, mais également un angle d’entrée possible pour l’étude d’un environnement, d’une fonction ou d’un groupe social.

Présentation de la séance – Camille Desenclos

Camille Desenclos est maîtresse de conférences en histoire moderne à l’Université de Picardie Jules-Verne, membre du CHSSC et de Centre Jean-Mabillon

Comme l’a souligné jadis Antoine Prost, l’histoire est la science des hommes en leur temps : toute source est donc le produit d’une activité humaine. Mais l’individu s’efface souvent derrière ce processus documentaire et est rarement étudié pour lui-même: il est à la fois au cœur du sujet, comme acteur, mais aussi marginalisé, comme producteur de sources.

Dans certains cas néanmoins, l’individu parvient à s’imposer comme sujet principal d’une étude par le biais notamment de la biographie (étude d’une personne et de son action) et/ou de la prosopographie (étude d’un groupe social). Par ailleurs, la biographie, à la fois genre littéraire et pratique historienne, rencontre un certain éditorial. Les récits de vie attirent et permettent de se confronter avec l’autre. Cependant, cette pratique requiert un certain recul par rapport au sujet étudié. Au-delà d’une fascination / répulsion, plusieurs biais peuvent voir jour: une tournure romanesque, une tentation d’érudition universelle ou encore une tentation moralisatrice. Tout cela implique de redoubler de vigilance et de méthode dans le rapport à l’individu.

Histoire, biographie et prosopographie ont longtemps été opposées, dès le XIXe siècle, mais encore plus avec les Annales (qui considèrent que l’individu est associé au temps court et ne peut révéler les phénomènes sociaux, s’inscrivant par nature dans le temps long). L’étude de l’individu a cependant retrouvé un certain intérêt et a été renouvelée dans les années 1980, avec en figure de proue Jacques Le Goff et sa biographie de Saint-Louis. Désormais, les travaux s’intéressent aussi à des personnalités autres que politiques, comme Alain Corbin et son travail sur le sabotier Louis-François Pinagot. Aujourd’hui, l’étude des individualités est conçue de manière de plus en plus variée . Les historiens utilisent notamment l’individu et son parcours de vie comme angle d’entrée pour l’étude de son environnement sans occulter la principale tension de la pratique historienne: écrire l’histoire, par nature celle d’hommes en société dans le temps, mais sans occulter le poids des destinées individuelles. L’étude de l’individu pouvant rapidement se révéler tentaculaire (étude de l’individu tel qu’il est, tel qu’il se présente au monde et tel que le monde le représente), les biographies et prosopographies entraînent souvent l’historien vers un travail vaste et complexe.

De l’utilité et des enjeux de faire la biographie d’un ancien président de la République: René Coty – David Bellamy

David Bellamy est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Picardie Jules-Verne et membre du CHSSC

La biographie a longtemps été méprisée au cours du XXe siècle, par les Annales puis par la Nouvelle Histoire (qui rejette l’histoire politique ou biographique). Dès 1903, dans la Revue de synthèse, François Simiand, sociologue et économiste, a modélisé trois idoles qui obsèdent les historiens et desquelles ces derniers doivent se détacher : l’idole politique, l’idole individuelle et l’idole chronologique.

Parallèlement, les réticences à l’égard des biographies sont accompagnées d’un manque d’intérêt de la part du grand public vis-à-vis des présidents de la IVe République. En effet, jusqu’en 1958 et l’avènement de la Ve République, le régime parlementaire laisse moins de place au président, qui est élu par les membres du Parlement, ce qui en fait un représentant de la République. Par ailleurs, René Coty lui-même ne fut pas aussi charismatique que son successeur Charles de Gaulle.

Faire la biographie de René Coty constitue pourtant un bon exercice selon David Bellamy. Le genre de la biographie a été renouvelé au cours des années 1970-1980 et a été réhabilité par certains historiens, comme Serge Berstein. Ainsi, pour René Rémond, la biographie a un sens profond pour éclairer le passé. Dans « Vive la biographie », article paru dans la revue L’Histoire en 1978, Jean-Noël Jeanneney incite les historiens à réaliser des biographies afin de combler un manque. Enfin, la biographie est une façon d’entrer dans l’univers du sujet étudié, de s’intéresser au parcours des individus, etc.

Faire la biographie d’un président d’avant 1958 permet d’aborder certains aspects d’une fonction, souvent sous-estimée par les historiens, comme les modalités d’élection du président, la représentation du pouvoir sous le régime parlementaire, ou encore l’entourage et le réseau présidentiel. Faire la biographie de René Coty permet également d’éclairer la place de ce dernier dans la réforme de l’État, qui a débuté bien avant l’arrivée de De Gaulle au pouvoir.

René Coty ©La Documentation française. Photo Présidence de la République

René Coty n’appartient pas à la droite conservatrice mais à la droite libérale. Il vient d’un milieu rural de la région du Havre et a grandi au sein d’une famille qui s’est élevée socialement par le biais de l’enseignement catholique. Il s’intéresse à la politique vers 15-18 ans. Il fait des études de droit à Caen et devient avocat à 20 ans dans le domaine maritime. Il entre dans la politique grâce à Jules Siegfried, négociant et député du Havre, et devient conseiller municipal de la ville. Il se fait connaître en défendant en 1910 Jules Durand (un syndicaliste qui a provoqué la mort d’un ouvrier non gréviste). Il participe à la Grande guerre puis devient député du Havre le 10 juin 1923, à la suite de Jules Siegfried. À cette époque, il s’intéresse déjà à la question de la réforme de l’État et appelle à un renforcement de l’exécutif. Cela aboutit en 1934 à la mise en place d’une commission de la réforme de l’État. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il vote dans un premier temps les pleins pouvoirs à Pétain mais réfléchit ensuite, avec d’autres parlementaires, à une nouvelle constitution qui pourra être établie à l’issue du conflit. Il est ainsi très actif dans les débats autour de la rédaction de la constitution de la IVe République. Son travail politique et son combat pour la réforme du pouvoir lui valent une reconnaissance au sein du monde politique. Le 23 décembre 1953, il est élu président de la République par le Parlement mais reste assez méconnu des Français. Pour se faire connaître du plus grand nombre, il accepte un reportage dans Paris-Match : c’est le début de la peopolisation des hommes politiques. Sa femme et lui deviennent très populaires, comme l’illustre le nombre conséquent de Français venus témoigner leur reconnaissance aux funérailles de Germaine Coty, décédée en novembre 1955. Pendant son mandat, il met sur le devant de la scène la question de la réforme des institutions et prend position autant que sa fonction le lui permet : il s’adresse notamment au Parlement le 19 janvier 1954. Son but est d’éviter l’instabilité gouvernementale.

Il a un rôle décisif en 1958, en recommandant Charles de Gaulle avec lequel il partage des idées constitutionnelles. Il reçoit de nombreux parlementaires pour les convaincre. De Gaulle permet à Coty d’occuper une fonction en permettant aux anciens présidents de siéger au Conseil Constitutionnel. La reconnaissance des Français se mesure par l’ampleur de l’opération “Merci M. Coty” lancée par Radio Luxembourg. Il meurt le 22 novembre 1962, quelques jours après le référendum pour l’élection du président de la République au suffrage universel, chose qu’il n’a jamais voulue.

Afin de réaliser cette biographie, M. Bellamy a étudié des ouvrages comme celui de Francis de Baecque (ancien collaborateur de René Coty), ou encore les archives publiques et privése de René Coty, notamment les fonds 111 AJ (papiers privés) et 4AG (papiers de l’Élysée) conservés aux Archives Nationales.

L’univers de Jean Poussot, inspecteur de la sûreté de Paris sous Louis XV – Hervé Bennezon

Hervé Bennezon est docteur HDR en histoire moderne et chercheur associé au CHSSC.

Travailler sur Jean Poussot permet de comprendre entre autres l’organisation de la police sous Louis XV, ainsi que la place de Poussot comme rouage de l’État. De ce fait, les archives utilisées par Hervé Bennezon sont issues en majorité de la bibliothèque de l’Arsenal, où sont conservées, depuis la Révolution française, les archives secrètes de la police (anciennement conservées à la Bastille). Hervé Bennezon s’est aussi servi du minutier central des notaires parisiens (Archives Nationales) et des fonds conservés aux Archives départementales de l’Yonne et du Loiret (département où Poussot est décédé). Devant l’ampleur du sujet et en l’absence de sources dans certains cas, il a été nécessaire de procéder par recoupement.

À l’époque de Jean Poussot, Paris est divisée en 20 quartiers de police, chacun ayant sa propre identité. Ces quartiers sont sous l’autorité du lieutenant-général de police, dont l’éventail des pouvoirs est large. C’est un personnage avec une grande influence et un carnet d’adresse très étoffé. Dans les années 1750, 600 à 700 personnes passent en jugement devant lui chaque année et il rencontre le roi régulièrement. Plusieurs personnes ont occupé ce poste à l’époque de Poussot, dont Nicolas-René Berryer (de 1747 à 1757) qui est un ami de La Pompadour. Chaque quartier est surveillé par 2 commissaires. L’office coûte 40 000 livres; les revenus officiels sont de 1 600 livres annuels mais peuvent être complétés par des revenus annexes (taxes sur les plaintes, etc.). Le corps des inspecteurs auquel appartient Poussot est créé en 1708. Le montant de l’office est alors de 76 000 livres, avec 1 000 livres de rentes officielles. Mais ce corps est rapidement supprimé, ce qui explique qu’ils ne soient plus que 20 en 1740. Dans cette décennie, certains inspecteurs sont chargés de plusieurs départements. Les inspecteurs sont chargés de l’inspection de lieux suspects ou de réunion, que ce soit à Paris ou dans ses alentours. Poussot étant chargé de la sûreté de Paris, il fait de la police de proximité.

Si les fonctions de Poussot sont plutôt bien connues, ses origines restent mystérieuses. Elles ne figurent pas sur son contrat de mariage, mais celui-ci mentionne le nom de sa marraine. Celle-ci est originaire de Tonnerre, tout comme probablement la famille de Poussot. Tonnerre est aussi la ville d’origine de la famille des D’Éon, au service du comte d’Argenson et, à Tonnerre, les d’Éon parrainent les enfants des Poussot. La famille de Poussot arrive à Paris après l’hiver 1709, s’installe dans le quartier latin et monte un commerce de vin. Jean Poussot devient inspecteur de police à 35 ans. Sa lettre de provision est introuvable, ce qui laisse supposer qu’il a été recruté hors des voies traditionnelles ou officielles. Le contrat de mariage de Poussot montre qu’il n’avait pas la fortune nécessaire pour se payer l’office d’inspecteur. Mais il s’enrichit grâce à son activité professionnelle et fait plusieurs investissements.

Les sources les plus complètes sur son travail sont ses registres de patrouilles. Ces registres sont très bien tenus et organisés, ce qui peut venir de son passé de commerçant. Chaque page est organisée de la manière suivante : identifié du captif (ou de la captive), lieu d’incarcération, date de la capture, ordre de police ou du roi, motif de la capture. Bien que sommaires, ces informations permettent de dresser un tableau du travail de Poussot. Ces registres montrent par exemple que 70 % des hommes arrêtés ont moins de 30 ans, que l’origine géographique des captifs est connue dans 1/3 des cas, etc. Il est même possible de remonter des réseaux ou des bandes.

Poussot emploie environ 350 « mouches » (espions) qu’il rémunère quelques dizaines de livres par an. Les « mouches » peuvent se fondre dans la masse, constituant un réseau vaste qui peut pénétrer dans de nombreux univers parfois peu accessibles, comme la franc-maçonnerie. Poussot est même allé jusqu’à solliciter sa femme dans l’une de ses enquêtes. Cette dernière s’est rendue à Fontainebleau pour espionner un joaillier juif qui envoyait des lettres chiffrées à son frère, lettres en réalité destinées au roi d’Angleterre. Le travail de Poussot peut donc aller jusqu’aux intrigues internationales et à l’espionnage politique, une activité importante dans le contexte de la guerre de Succession d’Autriche. Cet aspect de l’activité de Poussot se perçoit aussi grâce à sa tenue d’un journal vers 1748, avec une régularité moindre que ses registres de patrouilles.

Tout ce système est efficace : la police parisienne est bien informée de l’opinion publique et les méthodes d’organisation de Poussot ont probablement inspiré ses collègues qui ont pris sa suite. Bien que dispersées, les sources utilisées par Hervé Bennezon permettent de dresser un tableau complet de la société parisienne du XVIIIe siècle.

Ni biographie, ni prosopographie: les enjeux de l’étude historique d’un groupe. Les épouses des ministres au temps de Louis XIV – Pauline Ferrier-Viaud

Pauline Ferrier-Viaud est maîtresse de conférences en histoire moderne à l’Université d’Artois, membre du CREHS et membre associée du Centre Roland Mousnier.

Cette dernière intervention est consacrée aux épouses d’hommes d’État, qui ont joué un rôle même de manière anecdotique, comme cela a déjà pu être mis en avant dans le cas de Germaine Coty et de la femme de Jean Poussot lors des deux précédentes interventions de ce séminaire. Il ne s’agit pas ici de présenter successivement les différentes épouses de ministres, ni de faire un portrait de groupe mais d’étudier le rôle et l’influence des épouses dans les carrières de leur mari. Il y a un jeu d’échelle avec l’étude de l’individu et le groupe formé par ces individus.

Les travaux de Pauline Ferrier-Viaud permettent de construire une histoire sociale du politique dans la France du XVIIe siècle et d’offrir un regard anthropologique sur les logiques conjugales et familiales. Après sa thèse consacrée aux épouses de ministres sous le règne de Louis XIV, Pauline Ferrier-Viaud effectue actuellement des recherches sur les couples des intendants de la France du Nord (en y incluant la Nouvelle-France), toujours sous le règne de Louis XIV.

L’étude des « épouses de » met en lumière les contours de la noblesse et révèle la volonté de s’agréger à une noblesse de cour. Les épouses des ministres forment un groupe social et constituent un groupe original par et pour l’historien. Mme Ferrier-Viaud s’est ainsi penchée sur le cas de 27 couples (pendant le règne personnel de Louis XIV), et donc 27 femmes, de leur mariage à leur mort (ce qui inclut éventuellement leur veuvage). Toutes partagent un point commun : elles sont mariées à un personnage important de l’État (chancelier, ministre d’État, secrétaire d’État, contrôleur général des finances).

Les sources utilisées sont multiples: actes notariés avec contrats de mariage, papiers personnels/for privé (correspondances), procurations (intéressantes dans un contexte d’inexistence juridique de la femme, ce qui permet d’aborder la fissure des normes) ou encore témoignages de contemporains. Les champs de recherches sont également très variés. Cependant, le principal écueil est que les sources ne sont pas homogènes pour toutes les femmes étudiées.

L’histoire du couple repose sur le mariage de ces femmes. La question du statut marital est centrale. Par ailleurs, les deux époux vivent ensemble, ce qui crée une absence de trace et donc de sources complémentaires sur lesquelles l’historien(ne) peut s’appuyer. La perspective peut sembler similaire aux descriptions de groupes permettant de faire l’histoire de fonctions/charges/emplois. Dans son étude, Mme Ferrier-Viaud a traité le statut d’épouse de ministre comme une fonction.

Madame de Pontchartrain, fille

Le premier enjeu consiste en la cohérence de groupe et le recours à la prosopographie. En aucun cas, il n’est question de fournir une simple biographie. La question de la comparaison entre biographie et prosopographie a été posée par l’historienne Françoise Autrand. Elle met en avant une description des caractères externes en ce qui concerne la biographie (intervention d’éléments autres telle que la psychologie) alors que les caractéristiques telles que l’éducation et la carrière sont observables pour la biographie collective. Pauline Ferrier-Viaud définit la prosopographie comme une méthode de collectes de données en série.

Lors de son étude des contrats de mariage, elle a constaté une nette évolution et plusieurs sous-groupes. Dans le premier, l’homogamie des épouses est manifeste. Dès lors que les hommes sont ministres pour la première fois de leur lignée, ceux-ci vont avoir pour conjointe une femme appartenant au même groupe social, en l’occurence la noblesse de robe. Dans le deuxième, l’hypergamie masculine est évidente. Les fils survivanciers de leurs pères ont tendance à épouser des femmes d’un rang supérieur, afin de faire oublier les “défauts” de naissance des premières générations (idée évoquée par Emmanuel Le Roy-Ladurie, Thierry Sarmant et Mathieu Stoll entre-autres). C’est un signe de la construction sociale. De même, pour les contrats de mariage, ce ne sont pas les dots qui font la différence mais la composition des dots. Pour le premier sous-groupe, il s’agit d’argent comptant et de rentes alors que pour le second ce sont plutôt des titres ou des terres. La démographie permet aussi de rendre compte du changement de l’âge au mariage. Il se situe entre 20 et 25 ans (premières noces, âge en adéquation avec les pratiques de la noblesse de robe) pour les femmes de la première génération et entre 12 et 18 ans (premières noces, âge plus proche des pratiques aristocratiques) pour les femmes de la seconde génération. Il y a là une cohérence d’un point de vue social mais également une dynamique de groupe.

Néanmoins, les limites de la prosopographie constituent le premier enjeu de l’étude des épouses d’hommes d’État. Pour faire une prosopographie, il faut un groupe conséquent. Néanmoins, Pauline Ferrier-Viaud utilise la méthodologie de la prosopographie en procédant par exclusion vis-à-vis des femmes de ministres, qui ont chacune des caractéristiques leur permettant d’appartenir à ce groupe social. Le but de son étude est de démontrer ce qu’impose le statut d’épouse de ministre.

Le deuxième enjeu tourne autour de la question de la biographie. Sont-ce des biographies ou des biographies de groupe ? L’intérêt de la biographie se perd car une galerie de portraits serait répétitive. La biographie de groupe est quant à elle bien davantage que la somme des biographies de chacune des femmes. Néanmoins, il n’y a pas la même quantité de sources pour toutes. Il est par exemple démontré que l’épouse a une activité gestionnaire, par le biais des procurations : elle a « pouvoir et puissance de gérer tous les biens », mais de manière temporaire. Dans les actes notariés, il est noté que le mari autorise son épouse à signer et donc à gérer les biens. Mais seules quatre épouses de celles étudiées par Pauline Ferrier-Viaud en ont fait l’objet : la procuration est utilisée si le couple doit vivre séparé. Dans le cas contraire, la gestion commune par les époux est une constante.

À travers ses travaux, Mme Ferrier-Viaud met en valeur l’intérêt de faire l’histoire des possibilités qui étaient offertes aux femmes de ministres (certaines d’entre elles n’interviennent que dans certains cadres). Elle précise que faire l’histoire d’individus ne donne pas forcément accès à leurs choix. Par exemple, elle a remarqué la surreprésentation de la main du mari dans les lettres que s’échangent le couple Ponchartrain.

Trois grandes perspectives d’action sont à relever. Les possibilités et rôles sont très sexués, mais les époux sont complémentaires. Les épouses sont prises dans des impératifs de reproduction et de protection de leurs enfants. Elles sont aussi des relais. La différenciation des rôles n’est pas absolue et traduit la perméabilité des sphères masculine et féminine. D’autres enjeux sont singuliers tels que l’inscription curiale et nobiliaire.

Enfin, Pauline Ferrier-Viaud pose une question ouverte à propos de l’existence ou non de la biographie de groupe. Selon elle, on y arrive peut-être mais il y a une limite en raison de la présence constante d’un jeu d’échelle.

Compte rendu rédigé par Thomas Perquier, Capucine Tallon et Antoine Davy


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
camilledesenclos (20 mars 2023). Petite histoire, grande histoire: l’individu au coeur de la pratique historienne – Compte rendu du séminaire du 13 janvier 2023. Master Histoire, Civilisations et Patrimoine de l'UPJV. Consulté le 19 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/pnzm


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