Pour ce dernier billet de l’année universitaire 2022-2023, nous vous proposons de découvrir le témoignage de Hugo Grepet, étudiant en deuxième année du Master Histoire, Civilisations et Patrimoine, parcours Phénomène Guerrier (PG). Ayant un attrait pour la médiation scientifique ainsi que pour le monde militaire, il a choisi de suivre une voie plus professionnalisante et réalisé un stage en première année de master, d’une durée d’un mois, au sein du Musée des blindés de Saumur. Dans le cadre de son Master 2, il a effectué un premier stage, d’une durée de trois mois, au sein du Musée des Troupes de Marine de Fréjus, et en a réalisé un second d’une durée d’un mois et demi au Musée royal de l’Armée et d’Histoire militaire à Bruxelles.
Peux-tu te présenter et nous expliquer ton parcours universitaire ?
Je suis actuellement en deuxième année de Master Histoire, Civilisation et Patrimoine, parcours Phénomène guerrier, à l’Université de Picardie Jules-Verne. Avant cela, j’ai réalisé une licence d’histoire à l’Université de Bourgogne (Dijon). Cette licence reposait sur un programme général, les deux premières années, puis il fallait faire un choix entre le parcours « classique » et le parcours « approche du monde contemporain » en troisième année. J’ai choisi le parcours « classique » afin de continuer à étudier toutes les périodes historiques.
Pourquoi avoir choisi le master Histoire, Civilisations et Patrimoine de l’Université de Picardie Jules-Verne, ainsi que la voie professionnalisante ?
J’ai choisi ce master car il offrait la possibilité de s’orienter vers un parcours professionnalisant et donc de réaliser des stages ce qui n’est pas le cas de beaucoup de masters en histoire. Cela m’intéressait car je ne me destine ni à la recherche, ni à l’enseignement. Il fallait donc que je trouve un parcours me permettant de mettre en avant ce qui m’intéresse, à savoir, pouvoir transmettre mes connaissances et interagir avec les gens. Ce master avait par ailleurs comme avantage de proposer des débouchés dans les métiers du patrimoine.
Dans quel organisme as-tu réalisé ton stage de Master 1 ?
De juin à juillet 2022, j’ai réalisé un stage au Musée des blindés de Saumur. Outre mon intérêt pour les blindés, ce dernier était le lieu idéal pour réaliser un premier stage dans le monde patrimonial, en raison de la taille relativement humaine du service.
Le stage ne m’a pas apporté de nouvelles compétences professionnelles à proprement parler car, d’une part, celles que j’ai dû mobiliser dans le cadre de ma mission principale, avaient déjà été acquises durant mes études. D’autre part, la durée du stage ne m’a pas permis d’en développer davantage. Cependant, cela ne veut pas dire que n’ai rien appris. J’ai pu me rendre compte de ce qu’était un environnement de travail, de l’habitus professionnel de la structure. J’ai ainsi pu découvrir le fonctionnement du service. Par ailleurs, dans le cadre de mes missions, j’ai pu mobiliser des connaissances acquises au sein du master, et particulièrement sur le plan méthodologique. Le cours de conduite de projet avec par exemple la participation à l’organisation d’un séminaire annuel m’a été très utile. Un autre point, très important, est l’attention portée par les enseignants du master à ce que nous rédigions des emails correctement formulés afin de nous préparer aux échanges professionnels que nous aurons à mener par la suite dans le cadre de notre futur métier.

Dans quel organisme réalises-tu ton stage de fin d’études ? Quelles étaient tes attentes vis-à-vis de ce stage ? Quelles missions as-tu réalisées ?
J’ai réalisé mon stage de fin d’études au Musée des Troupes de Marine de Fréjus. Les troupes de Marine sont un détachement de l’infanterie, elles servaient, à l’origine, à défendre les ports et à servir sur les navires ; elles sont ensuite devenues les troupes qui ont servi à la conquête coloniale. Aujourd’hui ce sont des troupes, qui, avec la Légion étrangère, sont envoyées en OPEX. Ce statut particulier entre Armée de Terre et Marine a mené à la création du musée, en 1981.
Le musée a été rénové très récemment, en 2022, et le parcours permanent n’est pas encore accessible au public. Ma mission principale devait consister en la mise en place d’un nouveau parcours. Malheureusement, le projet est actuellement retardé. Toutefois, j’ai pu participer à des travaux relatifs au parcours permanent, notamment en contribuant à la réflexion sur la seconde partie dudit parcours, ce dernier ayant fait l’objet d’un traitement moindre par rapport à la première partie qui n’attend plus que le montage des cimaises, la rédaction des cartels et le montage des vitrines.
La mission principale consistait en une collecte de témoignages autour de l’expérience de guerre et du combat des tankistes. J’ai pu interroger le général Marc Morillon, président du conseil scientifique du musée, le conservateur du musée des Troupes de marine, le lieutenant-colonel Bertrand Philip de Laborie, la conservatrice-adjointe du musée, la lieutenant Coralie Mangin, ou encore le colonel Jean-Pierre Dutartre, président de l’Association des Amis du Musée des Troupes de Marine (AAMTDM). Cette collecte s’est faite dans l’optique de pouvoir répondre à certaines questions sur le fonctionnement du musée. Il s’agissait aussi de rendre compte des expériences et des points de vue propres à chacun. Ces entretiens duraient entre 35 minutes et 1h10 environ.
Cette mission répondait à une réflexion portée par le conservateur adjoint de l’époque, le capitaine Petrequin, qui cherchait à faire évoluer le parcours permanent du musée en y insérant des témoignages oraux, afin d’ajouter la dimension humaine de l’expérience de guerre. J’ai dû récupérer des témoignages dans la bibliothèque du musée, ainsi qu’en ligne, l’essentiel étant de mener ce travail de recherche en faisant preuve de méthodologie et d’esprit critique afin de s’assurer de la pertinence des témoignages, même s’il a parfois été difficile de prendre du recul.
Il y avait un travail important de muséographie à accomplir et je voulais pouvoir travailler dans les mêmes conditions qu’un employé du musée qui serait affecté à la mise en place du parcours permanent. Je n’étais pas le seul à intervenir, plusieurs autres jeunes ont été employés grâce au système de Contrats Armée Jeunesse (CAJ), et nous avons travaillé sur des champs différents. En tant qu’historien, j’ai eu davantage en charge la réflexion scientifique et la rédaction, tandis que d’autres étaient plus orientés vers l’aménagement du site internet ou la scénographie.
Penses-tu que ce second stage t’a apporté des compétences supplémentaires ?
À ma grande surprise, ce n’est pas tant dans la technique que dans l’approche du travail que j’ai le plus appris. Le conservateur m’a donné beaucoup de conseils concernant l’attitude à adopter, la manière de présenter un rapport ou même le temps qu’il fallait y passer. Contrairement au travail d’historien pour lequel il est souvent nécessaire de prendre son temps, le calendrier prévisionnel du musée rend nécessaire une certaine rapidité d’exécution.
J’ai eu l’occasion de m’adonner à une grande diversité de tâches : de la communication à la muséographie en passant par la recherche et la rédaction. Il m’est difficile de prendre du recul sur les compétences que j’aurais acquises ou en réalité juste affinées par rapport à mes études. Quoiqu’il en soit, je me sens désormais plus apte à évoluer du monde du travail.

Comment t’es venue l’idée de faire un second stage en M2 ? Pourquoi le faire à l’étranger ?
En réalité, le Musée royal de l’Armée et d’Histoire militaire à Bruxelles représentait mon premier choix. Mais au moment où le musée m’a répondu, je m’étais déjà engagé avec le Musée des Troupes de marine de Fréjus. Ma volonté dans ce stage est double. La première est de sortir de l’univers du musée d’armes afin de confronter ma vision et mes expériences à une autre conception du musée d’histoire. Il s’agit aussi de compléter mon CV au maximum. Cette expérience est d’autant plus valorisante qu’elle me permet à la fois de montrer que je ne suis pas fait que pour les musées d’armes, mais aussi d’acquérir une expérience dans un musée de référence pour l’histoire militaire et de la guerre.
Sur quels projets as-tu été amené à travailler au sein de cet organisme ? En matière de compétences, que t’a apporté ce stage ?
Le travail qui m’a été confié portait sur la collection dite « Allemagne 14-18 ». Il s’agissait de reprendre les vitrines préexistantes et d’essayer de créer une muséographie qui soit plus en phase avec les collections du musée. Ensuite, il fallait proposer une nouvelle répartition des objets au sein de ces vitrines. Il est certain que les méthodes de travail et l’approche diffèrent d’un musée à l’autre, peut-être du fait de travailler à l’étranger, mais surtout, de passer d’un musée militaire composé d’un effectif et de moyens limités, à un musée public, à dimension internationale, composé de professionnels spécialisés. L’effectif du Musée des Troupes de marine est de 5 personnes, tandis qu’il y a près de 200 personnes qui travaillent au Musée royal de l’Armée et d’Histoire militaire. À Fréjus, j’ai appris à adopter une certaine polyvalence, voire une adaptabilité; dans mon travail, à Bruxelles, j’ai été amené à plus me spécialiser.
Est-ce que tes stages t’ont conforté dans ton projet professionnel ?
Mon premier stage a confirmé la vision que j’avais de ce milieu professionnel. Je pense d’ailleurs qu’un des rôles principaux du stage de première année est de nous permettre de confronter notre vision du milieu professionnel envisagé avec la réalité et de savoir si ce dernier nous plaît ou pas. Réalisé également dans un musée d’armes, mon premier stage de M2 a surtout été une confirmation de ce que j’avais observé lors de mon stage de M1. Ce second stage de M2 m’a permis de découvrir une autre facette du travail dans les musées qui m’a beaucoup plu. Je me suis senti plus confiant notamment grâce à l’expérience accumulée précédemment. Aussi, ce dernier a donc confirmé ma volonté de poursuivre dans cette branche.
Quelles pistes envisages-tu pour ton avenir professionnel ?
J’envisage principalement la piste de la médiation culturelle et scientifique pour mettre mes compétences d’historien en valeur. Cependant, je ne me ferme aucune porte. Le monde de la culture et du patrimoine est un univers formidable, riche en découvertes et en partages, mais c’est aussi une réalité complexe où les postes sont rares. Il est difficile pour moi de savoir où je serai après mon diplôme, mais j’essaierai de faire valoir un maximum mes stages pour accrocher un premier contrat. De là, l’expérience professionnelle me permettra sans doute de me stabiliser. Je n’exclus pas non plus de diversifier ma palette de compétences et mes possibilités professionnelles par le biais de formations ou par la reprise d’étude plus tard. Toutefois, pouvoir travailler à la fin de mes études reste, pour le moment, mon objectif principal. Les concours de la fonction publique suivront éventuellement mais je reste concentré sur mes stages et mon mémoire pour le moment.
Sinon, j’envisage de m’engager dans l’armée, car je sais qu’il existe des contrats, sans pour autant être sur le terrain, ou encore, le journalisme, envisageable grâce à ma spécialisation dans le phénomène guerrier.
J’aimerais que mon futur métier soit un réel projet de vie qui prenne en compte mes envies professionnelles et notamment le fait d’interagir avec les gens, de pouvoir partager, raconter et transmettre l’histoire.
Entretien réalisé par Guiliane Kosiba-Fiérain (M1 Pouvoir et Société) et Hugo Laporte (M1 Phénomène Guerrier)
Billet rédigé par Guiliane Kosiba-Fiérain (M1 Pouvoir et Société) et Hugo Dubuc (M1 Archéologie)
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
camilledesenclos (6 juillet 2023). Le phénomène guerrier au musée – Hugo Grepet (M2 Phénomène Guerrier). Master Histoire, Civilisations et Patrimoine de l'UPJV. Consulté le 20 juin 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/po01